Dans l’épisode précédent, nous avons introduit la notion de conflits de valeurs au travail. Nous allons, dans cet article, nous focaliser davantage sur les conflits de valeurs chez l’entrepreneur et le dirigeant.
Vous pouvez retrouver l’article précédent en cliquant sur l’image ou ICI.
Les spécificités de l'entrepreneuriat
Quand tout se mélange
Nous l’avons vu. Déjà dans le cadre d’un travail salarié, faire la part des chose entre le côté personnel et le côté professionnel semble impossible dans bien des situations. Il y a dans nos choix professionnels, une part du personnel qui est impliqué.
Dans l’entrepreneuriat, il y a en plus l’entité Entreprise, la personne morale, qui entre en jeu. Dans les situations où l’entreprise porte son nom propre et chez les entrepreneurs individuels (Freelance, consultants, indépendant, professions libérales…) tout peut vite se mélanger.
Non seulement notre personne est engagée mais on peut aussi impliquer malgré nous notre famille.

J’ai croisé de nombreux entrepreneurs qui n’osaient pas communiquer sur leur activité de peur de nuire, non pas à leur image, mais à celle de leur famille ou de décevoir leur parents ou leur proches.
Aussi, quand une entreprise reçoit un avis négatif de manière publique, ce n’est jamais agréable. Mais quand c’est à son nom, il est difficile de ne pas le prendre personnellement et de faire la part des choses.
Nous ne sommes pas notre business
La première erreur que je constate est de fusionner avec son business. Les conséquences peuvent être désastreuses.

Lorsque les résultats escomptés ne sont pas au RDV, de nombreux entrepreneurs se trouvent alors nuls et voient leur estime d’eux-même baisser, se remettre en question dans leur entièreté ou du moins une bonne partie.
D’autre peuvent avoir le sentiment de ne plus être légitimes car ils traversent une période difficile au niveau personnel et/ou professionnel. « Comment puis-je prétendre aider mes clients à aller mieux alors que je traverse une période difficile ? » m’a demandé une cliente qui est coach.
Les hauts et les bas font partie de la vie personnelle comme professionnelle. Cela n’enlève en rien les compétences professionnelles acquises et développées pendant des années.
De plus, dans les métiers de services et d’accompagnements, il est souvent plus facile d’aider les autres que soit même car il n’y a pas d’attachement émotionnel.
Enfin, il est difficile d’avoir la prise de recul et l’objectivité nécessaire à la résolution de certains problèmes.
Les conflits de valeurs chez l'entrepreneur et le dirigeants
Quand le business s'incruste dans la vie personnelle
Lorsque nous nous lançons dans le projet entrepreneurial, le business occupe tout, ou une grande partie de nos pensées.

Les moments en famille, en couple, entre amis peuvent alors baisser en quantité et en qualité.
Nous pouvons alors vivre des conflits de valeurs entre l’entrepreneur en nous qui est ambitieux et souhaite réussir et le conjoint, le parent ou l’ami en nous qui souhaite être une personne sur qui on peut compter, qui souhaite passer du temps avec les autres, prendre soin d’eux…
Quand cela dure trop longtemps, les relations sont détériorées et peuvent conduire à des ruptures.
A cela, il faut ajouter le stress liés aux objectifs et résultats de l’entreprise qui est omniprésent : au travail, à la maison, en vacances… Les conséquences finissent tôt ou tard par déborder dans la vie personnelle et familiale.
Un soutien difficile à trouver
Bon nombre de conflits de valeurs sont considérés comme des problèmes personnels. Donc pour les régler, les entrepreneurs sont dirigés vers des psychologues thérapeutes, coaches… qui vont aider sur le plan personnel.
Pour les problèmes business, les entrepreneurs vont se tourner vers des consultants business, des mentors, des business coaches…
Sauf que dans l’entrepreneuriat, bien des problèmes sont justement un manque de cohésion et une disharmonie entre la partie professionnelle ET personnelle.

Je vois tous les jours des entrepreneurs qui ont bien les stratégies, les méthodes et les ressources pour arriver à leur objectif. Sauf que la stratégie et/ou l’objectif n’est pas en adéquation avec qui ils sont, les besoins, leurs envies…
Résultat : Cela ne fonctionne pas ou on se force et on fini par tomber dans un épuisement, brown-out, voire un burn-out.
Je ne compte plus les entrepreneurs qui choisissent des stratégies de croissance infinie pour leur entreprise : viser toujours plus grand, aller toujours plus loin, augmenter toujours leur C.A., etc. Et il perdent les valeurs qui arrive au sommet de leur échelle de valeurs : la liberté, le plaisir, l’épanouissement, la famille…
Je croise aussi le schéma inverse. Bon nombre d’entrepreneurs n’osent pas se développer alors qu’ils sont ambitieux et la réussite professionnelle est une valeur importante pour eux. Pour différentes raisons, ils se brident et restent sur des entreprises avec des résultats moyens ou faibles. D’autres restent formateurs alors qu’ils ont envie de briller sur scène. La valeur contribution est importante pour eux (ou c’est ce qu’ils ont fini par croire ou s’auto-persuader) mais ils se frustrent et passent à côté de leur évolution professionnelle et de qu’ils veulent vraiment. De plus, j’ai constaté que pour beaucoup la réussite et son exposition viennent en conflit avec la valeur d’humilité qui est largement partagée dans la société.
Comment lever les conflits de valeurs ?
1. En prendre conscience
Prendre conscience du problème est le premier pas pour résoudre les problèmes. En effet, comment peut-on agir sur quelque chose qui n’est pas identifié ?
La prise de conscience n’est pas évidente. Nous ne nous rendons pas toujours compte que nous sommes stressés ou que nous sommes épuisés. Nous parlons beaucoup du burn-out, un peu moins du Brown-out. Ce sujet sera mis à l’honneur dans un prochain article. Inscrivez-vous à la newsletter pour ne rien louper !
La prise de conscience est parfois difficile à faire seul. Il faut alors écouter les retours externes, identifier les signaux d’alerte et aller voir un professionnel pour nous aider à en prendre conscience.
2. Identifier le vrai problème
La prise de conscience, c’est bien mais ça ne suffit pas. En effet, il faut identifier le VRAI problème. Nous avons trop tendance à ne nous préoccuper que des problèmes en surface ou de ses conséquences sans traiter la cause réelle. Pour cela, il faut d’abord identifier le problème. Est-ce un problème purement personnel ou business ? Est-ce un problème de conflit de valeurs ?
Identifier le vrai problème permets aussi de se tourner vers les bonnes solutions, les bonnes ressources et identifier les personnes qui pourront nous aider.
3. Trier, Hiérarchiser
Lors de l’identification du problèmes, plusieurs problématiques peuvent être distinguées. Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes à la fois !
De plus, certains problèmes découlent d’autres problèmes. Il convient alors de les trier selon leur ordre d’importance et d’urgence.
Enfin, certains problèmes doivent être régler en parallèle et leur résolution ne prendra pas le même temps. Certains peuvent avoir un problème d’estime ou de confiance en eux à améliorer mais, en parallèle, l’entreprise doit continuer à tourner.
4. Trouver SA stratégie
Une fois les problématiques à traiter en premier identifiées, il faut trouver la bonne stratégie pour soi (et pas dans l’absolu ou pour quelqu’un d’autre). Ce qui a fonctionné pour certains ne fonctionnera pas pour d’autres.
Qui aller voir ? Quelles solutions sont pertinentes pour moi ? Qu’est-ceque je dois faire concrètement ? etc.
Aussi, dans l’entrepreneuriat, il convient de trouver son modèle d’entrepreneur (pour cela, vous pouvez vous aider de cette classification : ICI) et son modèle de développement du business selon votre personnalité, vos envies, vos objectifs…
5. Faire le plan d'action
La stratégie doit s’inscrire dans un plan d’action avec une temporalité et des échéances.
« Un objectif sans plan est un voeu. »
Antoine de Saint-Exupéry
Le plan d’action est l’itinéraire, la feuille de route. Il sert à ne pas perdre son objectif de vue mais aussi de mesurer sa progression.
6. Passer à l'action
Un plan sans action reste un rêve. On ne peut pas avancer si on ne passe pas concrètement à l’action. Certains vont faire un sprint, d’autres vont y aller progressivement, étape par étape. Peu importe votre rythme, le principal est de faire un pas après l’autre.
7. Réajuster
Lorsque nous passons à l’action, nous nous rendons compte qu’il y a certains choses qui ne se passent pas exactement comme nous l’avions imaginées. Entre la théorie et la pratique, il y a parfois tout un monde.
De plus, nous évoluons. Le monde évolue aussi. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, le système de valeurs ainsi que l’échelle de valeurs changent aussi. Même si tout se passe bien, il est important de faire le point de temps en temps pour éviter l’épuisement ou les conséquences malheureuses, qu’elles soient physiques ou psychologiques.

J'ai créé un outil pour vous aider à y voir plus clair
Parce qu’il est difficile d’identifier ce qui ne va pas et de trouver une stratégie sur-mesure qui prenne vraiment en compte les différentes identités de l’entrepreneur et du dirigeant, j’ai mis au point une méthode et un outil que j’utilise dans mes consultings : LE QUATUOR +
Je vous en dis plus dans les jours à venir !

Ne restez pas seuls !
Je vous propose d’échanger sur vos problématiques autour d’un entretien téléphonique ou via zoom. Cet entretien est gratuit et ne vous engage aucunement.
Quels sont vos plus grands conflits de valeurs ?
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Je prévois une série de vidéos qui traitera de problématiques plus spécifiques. Afin de coller au mieux à vos besoins, merci de me les partager en commentaire ou via ce formulaire de contact.